L'Amitié

Depuis plusieurs jours je m’interroge sur le sens du mot « ami » ?! Alors qu’il ne me faut que quelques minutes sur le web pour voir apparaître sur mon écran une quantité de demande «  voulez-vous être mon ami ». S’il est vrai que grâce à Facebook, on peu très vite avoir beaucoup d’amis, qu’es-ce vraiment l’amitié ? En tout cas l’ordi n’est pas un véritable ami, il donne l’illusion, il façonne l’éloignement, il est un tout incomplet, il n’est pas empathique, il perd le temps,…

Alors c’est quoi l’amitié, qui est mon ami(e) ?       Es-ce que l’amitié c’est avoir besoin de l’autre ? Pour répondre à cette question je me suis mise à lire un peu de philo. Aristote disait « le propre de l’amitié est plutôt de faire le bien que d’en bénéficier »

Un jour sa manne de linge débordait, la vaisselle de la veille trainait dans l’évier, il n’y avait plus grand-chose à manger dans les armoires,  … le petit qui n’avait alors que 5 jours pleurait et elle était fatiguée …j’ai déployé mes bras, sans m’oublier, sans m’essouffler,…je l’ai aimée, sans ambigüité,…le temps d’un partage, d’une présence,  d’une parole,…Elle est la rencontre heureuse d’une altérité.

En tout cas je pense que l’amitié, ce n’est pas de partir du plus faible pour tendre vers le plus fort, ni du plus fort pour aller vers le plus faible, c’est être soi, ni faible, ni fort , de déployer une force d’amour sans limite. Je crois qu’il n’y a pas d’amitié autre que celle qui passe par l’estime de soi, par la sincérité, par le compromis, par la bonté, par l’intelligence du cœur,… par tant de choses que l’on ne métrise pas toujours.

J’étais là dans la pièce, sur une blessure d’enfance, déchirée de moi-même, lourde de mes secrets, désolée d’être encore là et après une longue journée de travail, loin des cris des enfants, avec simplicité et grâce, tu m’as emmenée boire un verre,  nous avons partagé et c’est dans cette attitude du don de soi, que ce soir là tu m’as écouté, tu m’as choyé,…notre amitié est née.

Votre ami est votre besoin qui a trouvé une réponse. Il est le champ que vous semez avec amour et moissonnez avec reconnaissance. Il est votre table et votre foyer.

Car vous venez à lui avec votre faim,
et vous cherchez en lui la paix.
Lorsque votre ami parle de ses pensées vous ne craignez pas le “non” de votre esprit, ni ne refusez le “oui”.

Et quand il est silencieux votre cœur ne cesse d'écouter son cœur ;
Car en amitié, toutes les pensées, tous les désirs, toutes les attentes naissent et sont partagés sans mots, dans une joie muette.

Quand vous vous séparez de votre ami, ne vous désolez pas ;
Car ce que vous aimez en lui peut être plus clair en son absence, comme la montagne pour le randonneur est plus visible vue de la plaine.

Et qu'il n'y ait d'autre intention dans l'amitié
que l'approfondissement de l'esprit.
Car l'amour qui cherche autre chose que la révélation
de son propre mystère n'est pas l'amour,
mais un filet jeté au loin : et ce que vous prenez est vain.
Et donnez à votre ami le meilleur de vous-même.

Et s'il doit connaître le reflux de votre marée,
laissez le connaître aussi son flux.
Car qu'est-ce que votre ami si vous venez le voir
avec pour tout présent des heures à tuer ?

Venez toujours le voir avec des heures à faire vivre.
Car il est là pour remplir vos besoins, et non votre néant.
Et dans la tendresse de l'amitié qu'il y ait le rire
et le partage des plaisirs.
Car dans la rosée de menues choses
le cœur trouve son matin et sa fraîcheur.   Khalil Gibran, Le Prophète